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Préhistoire et environnement autour du lac d’Aiguebelette
Mouna et Garléac
Mouna et Garléac et les pierres de foudre : la vie au néolithique c’est tout une histoire…
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1- La bipédie est-elle le propre de l’homme ?
Qu’est-ce que la bipédie ? Quelle est sa fonction biologique ? Quelle est son origine et son évolution ?
Le point de départ et la notion importante à connaître, est le répertoire locomoteur. (Voir G. Berillon et C. Couture 2005). C’est-à-dire que pour bien des primates la bipédie est possible, dans certaines conditions et au cours de certains comportements, comme chez les babouins olives. Elle pourrait être présente bien avant son plein développement évolutif et fonctionnel tel que nous l’observons chez les hommes : la bipédie permanente.
La bipédie émergerait en milieu forestier, vers 7-6 millions d’années avec les Sahelanthropus, Ororrin et même Ardipithecus, car tous sont bipèdes (voir B. Senut, M. Brunet, T.D. White).
La bipédie semble donc être un élément du répertoire locomoteur de bien des primates et possible depuis les premiers hominidés, puis des australopithèques jusqu’à l’homme. Il y aurait alors des bipédies. Ce qui expliquerait cette mosaïque de caractères anatomiques observées suivant les membres et soulignés bien des fois : bipédie des jambes et brachiation pour les bras… En sorte que, chaque être est l’utilisateur de plusieurs modes de locomotion. La bipédie peut ainsi avoir une origine très ancienne, voire plus ancienne que la marche sur les phalanges des chimpanzés et gorilles. Ce dernier caractère locomoteur des grands singes pourrait-être alors une évolution récente.
Un autre point fort intéressant est que la bipédie humaine est en partie apprise par les enfants et imposée dans le code social (voir B. Cyrulnik). Alors qu’elle est l’usage de la bipédie faite par les primates ? Les spécialistes des comportements locomoteurs des primates ont observé l’utilisation de la bipédie dans le cas de démonstration de forces (voir C. Boesch), dans la sexualité (exhibitionnisme des bonobos) (voir F. De Waal, R. Dixson). Elle peut également ou simplement être différente en fonction de la nature du substrat ou du sol (voir Y. Deloison).
Ces questions sont vives dans le domaine de l’anthropologie. Ce qui est passionnant, ici, avec cette première question, c’est que l’on entre réellement dans le vif du sujet. De quelle manière pouvons-nous parler d’évolution sans être figé sur un modèle et percevoir tout l’univers des possibles qu’offre un comportement du moment qu’il existe, la force de ses potentiels, de ses adaptations possibles.
Pour finir, il y a de très beaux films de bonobos se déplaçant aisément de manière bipède, quelque soit le milieu, sur Arkive.org.
Références :
- O. Dutour, J.J. Hublin, B. Vandermeersch, 2005, Origine et évolution des populations humaines, CTHS
- F. de Waal, 2001 Tree of origin, Harvard university press
- C. Boesch, 2009, the real chimpanzee, Cambridge university press
- C. Boesch, 2012, Wild cultures, Cambridge university press
Et si le temps de cette nouvelle rentrée nous mettions l’homme en questions ?!!
L’occasion nous en est offerte avec la découverte d’une nouvelle espèce du genre Homo, Homo naledi. Pourvu d’étranges caractères morphologiques, issu d’un formidable assemblage de 1550 restes fossiles, ce nouvel homme fait écho à notre interrogation…
La définition de l’homme utilise souvent des caractéristiques qui par essence seraient typiquement humaines : le langage, l’art, la conscience, la bipédie, la culture. Ce tout si imposant serait le propre de l’homme… Toutes ces particularités, il est nécessaire de les préciser, de les connaître, de leur donner une définition. De même, ont-elles chacune une origine, une fonction biologique et une évolution propre? Dans quelles fonctions de stratégies évolutives et adaptatives interviennent-elles ? Il faut souvent repenser les termes pour sortir des préjugés et permettre de présenter les résultats scientifiques récents. Ce travail est une modeste contribution pour repenser l’homme globalement et surtout objectivement. Pour qu’il y ait un éveil vers une intelligence collective, il faut commencer par poser une série de questions sur lesquelles nous pouvons nous entendre.
J’ajouterai que si nous considérons l’évolution comme un fait, une évidence maintenant, avec plus de 150 ans de recherches, de résultat et de confirmation, alors l’homme n’est pas un tout unique sortie de la nature. Il en est seulement une composante.